
Reportage France - Paroles de soignants
RFI
Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.
Location:
Paris, France
Genres:
World News
Networks:
RFI
Description:
Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.
Language:
French
Website:
http://www.rfi.fr/
Episodes
Des distributeurs automatiques de légumes pour une alimentation locale et responsable
10/16/2025
C’est la Journée mondiale de l'alimentation ce jeudi 16 octobre. Alors que la revue scientifique The Lancet interrogeait au début du mois nos régimes alimentaires et nos modes de productions agricoles, des initiatives pour mieux se nourrir fleurissent sur le territoire. Alternative aux hypermarchés, des distributeurs automatiques, approvisionnés directement par les agriculteurs, proposent des produits locaux et frais en zone rurale. Une vente en circuit-court qui permet aux cultivateurs d'écouler leurs récoltes en fixant leurs propres prix. Reportage en Eure-et-Loir, département rural au sud de Paris.
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Témoignage d’une enseignante du collège Samuel Paty: «Notre possibilité de délier les consciences existe et il faut s’en saisir»
10/15/2025
Il y a cinq ans, le professeur Samuel Paty était décapité devant son collège du Bois d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine à la suite d'un cours sur la liberté d'expression durant lequel il avait montré des caricatures de Mahomet. L'enseignant d'histoire-géographie avait fait l'objet d'un cyberharcèlement basé sur une rumeur fallacieuse avant d'être ciblé par un jeune tchétchène radicalisé, qui avait payé des élèves pour qu'ils lui désignent le professeur à la sortie de l'établissement. Un attentat qui a durablement bouleversé la communauté éducative, à commencer par les collègues de Samuel Paty. Rencontre avec Charlotte Bré, professeur de français, qui a enseigné 14 ans au sein de ce collège désormais rebaptisé Samuel Paty, avant d'être mutée cet été.
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Le succès du skincare coréen en France: miracle cosmétique ou mirage marketing?
10/14/2025
En France, la 11ᵉ édition du salon international Cosmetic 360, dédié aux innovations en matière de cosmétiques, s'ouvre à Paris. Il devrait faire la part belle cette année encore à une tendance qui ne cesse de monter : le skincare coréen. La Corée du Sud est devenue une référence dans les cosmétiques. Ses exportations annuelles en la matière ont franchi les 10 milliards de dollars l'an dernier et le pays a un objectif : conquérir le marché européen. Et les effets se font déjà ressentir en France, où de nombreuses boutiques spécialisées en cosmétiques font la promotion de ces produits. Reportage de d'Alexandre Alves.
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«Paris inondé», un exercice d'ampleur pour anticiper la prochaine crue centennale
10/13/2025
« Paris inondé », c'est le nom d'un exercice dans des conditions du réel qui a été organisé lundi 13 octobre par la capitale française pour se préparer au pire : une crue centennale de la Seine, comme celle de 1910. Pendant toute la journée, habitants, élèves, commerçants et l'ensemble des services publics ont simulé la situation d’une inondation majeure. L'objectif : s'entrainer et sensibiliser à ce type de catastrophe, de plus en plus probable en raison du changement climatique.
« Ici, vous êtes dans la cellule de crise de la ville de Paris, où les représentants de chacune des directions vont s'exprimer, présente Louis Bernard, fondateur de Crisotech qui a conçu l'exercice ''Paris inondé''. Ce tour de table nous montre qu'une crue majeure va affecter tous les services de Paris : les écoles, les hôpitaux, mais aussi les musées, les espaces verts, les cimetières et l'ensemble des services publics. »
La priorité des autorités est claire. « Il faut mettre la population à l'abri. C'est vraiment l'essentiel. C'est pourquoi dès qu'on saura qu'une crue de ce type arrive, ce que dira le préfet de police, c'est : "évacuez !" », souligne Pénélope Komitès, adjointe de la maire de Paris, en charge de la résilience.
Zakaria participe avec sa classe de CM2 et 60 autres bénévoles à l'exercice « Paris inondé ». Il doit être évacué d'un appartement au troisième étage avec vue sur la Seine et joue son rôle à la perfection. « Si les enfants apprennent à lire, écrire, compter, ils doivent aussi apprendre à gérer un risque et à éviter de paniquer si cela devait arriver. Ils ont compris que, quand il y a une situation exceptionnelle, des personnes qualifiées vont les prendre en charge et leur donner des consignes. De ce fait, on leur a permis de se rassurer », explique Eric Denis-Kelner, le directeur de l'école Poulletier.
En cas de crue centennale, 100 000 Parisiens auront les pieds dans l'eau. Mais près d'un million d'autres seront également affectés. « Les gens pensent beaucoup que cela ne peut les toucher que quand ils sont au bord de la Seine. Mais l'effet dominos fait que cela devient vite compliqué pour tout le monde : vous n'avez plus de chauffage, plus d'électricité, plus d'ascenseur, plus de toilettes qui fonctionnent.. Et peuvent se poser à un moment des problèmes de ravitaillement alimentaire », rappelle Pénélope Komitès.
Cette simulation de crise sert aussi d'entraînement aux services de secours. Au poste de premier accueil d'urgence, pompiers, Croix-Rouge et protection civile sont sous pression. « On a des méthodes qui sont légèrement différentes de ce qu'on fait d'habitude quand on est plusieurs pour une victime. Alors que là, on a plusieurs victimes par secouriste. On va essayer de faire attendre ceux qui peuvent attendre et de s'organiser au mieux avec les différents acteurs pour pouvoir se cordonner. C'est quelque chose qui n'est pas évident. Mais c'est pour cela qu'on s'entraîne et qu'on a cet exercice aujourd'hui », explique un secouriste.
Après la simulation « Paris inondé », une campagne de sensibilisation débute ce mardi 14 octobre dans les transports en commun. La protection civile forme déjà 40 000 Parisiens chaque année aux risques environnementaux. Mais il est urgent d'accélérer la cadence.
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Octobre rose: un atelier de soins du visage pour les femmes atteintes d'un cancer
10/12/2025
Dans le cadre d'Octobre rose, le mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, le service d'oncologie de l'hôpital Saint-Joseph à Paris organise des ateliers réservés aux femmes atteintes d'un cancer. Sophrologie, origami, entretien de perruques ou soins du visage et maquillage, autant de moments de bien-être, d'échanges et de temps d'écoute avec les équipes médicales. Objectif de ces rencontres : redonner un peu de respiration aux patientes encore sous traitement ou en rémission, et surtout, entretenir la relation humaine. RFI a assisté à l'un des ateliers portant sur les soins du visage.
Dans une salle aménagée au service d'oncologie de l'hôpital Saint-Joseph, seule la perfusion d'une des quatre patientes autour d'une table rappelle qu'on est en milieu médical. Rachida, Laurence, Céline et Sylvie, toutes atteintes d'un cancer, participent à un atelier de soins du visage.
Amélie Vieuxfort, socio-esthéticienne, est l'animatrice de cet atelier. Elle demande à l'une des participantes : « Quelles sont vos habitudes actuellement, étant donné que vous êtes en traitement ? Qu'est-ce que vous faites pour prendre soin de votre visage au quotidien ? » Réponse de Céline : « Je lave avec une mousse assez douce, sous la douche le matin. Sortie de la douche, je mets de l'eau micellaire, puis de la crème de jour riche ou extra-riche, et un soin spécifique pour les yeux super-gras, pour avoir une bonne tolérance. Et autour des yeux, j'en mets plusieurs fois dans la journée, car ils sont très très secs. »
Comme Céline, les participantes sont toutes confrontées à un des effets secondaires de la chimiothérapie : la sécheresse cutanée. L'un des objectifs de cet atelier est d'échanger des expériences entre patientes. Rachida évoque sa routine quotidienne avec, entre autres, un savon au lait maternel, pour adoucir sa peau : « Moi, c'est le beurre de karité. Je l'utilise le matin et le soir. Sinon, je me lave avec un savon que ma voisine a fabriqué avec son lait. » « Ah oui, on est vraiment sur un produit des plus naturel, réagit l'animatrice. Vous voyez, c'est aussi intéressant pour ça ces ateliers, parce qu'on découvre des choses, on se donne des astuces… »
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Après un tour de table des rituels des patientes, place à la séance du jour. « Je vous invite à me tendre la main droite. Je vais vous mettre une noisette d'un produit un peu innovant : une pommade démaquillante, nettoyante », annonce Amélie Vieuxfort. Après le nettoyage du visage, la pose d'un masque hydratant et l'application d'une crème anti-UV, la séance est clôturée par un auto-massage des mains.
« C'est toujours agréable de prendre le temps. Ce que l'on ne fait pas forcément, suffisamment. Ça fait du bien, oui », réagit une participante. « C'est agréable de voir les autres à travers une activité que l'on partage. On ne partage pas nos piqûres », s'amuse une autre.
Ces ateliers de bien-être pour les personnes atteintes d'un cancer ont lieu toute l'année à l'hôpital Saint-Joseph de Paris. Un établissement qui fait de l'accompagnement des malades une de ses priorités, au même titre que la prévention et le dépistage des cancers.
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Santé mentale des jeunes: au Médipsy, les ados reprennent confiance
10/9/2025
À l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, ce vendredi 10 octobre, reportage dans le Nord, où un centre Médipsy accueille des adolescents en souffrance.
Dépressions, troubles anxieux, gestes auto-agressifs, tentatives de suicide... Selon une étude publiée par Santé publique France, près d’un quart des lycéens déclarent avoir eu des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois. Et plus de 10% des mineurs sur les 14 millions que compte la France souffriraient d’un trouble psychique. Un centre Médipsy a ouvert en avril 2025 dans le Nord, par Ramsay Santé. Il vise à accueillir les adolescents qui rencontrent des problématiques psychiatriques. Le projet a été construit en réaction à un besoin criant sur le territoire. L'équipe soignante propose aux jeunes patients des méthodes très concrètes, inspirées des thérapies comportementales et cognitives, pour comprendre leurs émotions et leur souffrance, et apprendre à les maîtriser.
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Le premier prix Badinter remis à Maître Ciuciu: Robert Badinter a bataillé avec force «pour faire changer la loi»
10/8/2025
Encourager l’engagement de jeunes avocats pour construire le droit de demain, dans la lignée des combats de Robert Badinter, c’est l’objectif du prix Badinter lancé par le Conseil national des barreaux. La première édition, ce mardi 7 octobre 2025, a départagé huit finalistes. Âgés de moins de 38 ans et avec cinq ans maximum de pratique, ils ont chacun soutenu une proposition de loi en lien avec les libertés fondamentales. L’occasion de constater la portée de l’héritage de Robert Badinter auprès des jeunes générations.
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Le travail des forestiers après les incendies: laisser la nature se régénérer seule
10/7/2025
Avec le changement climatique, le risque d’incendie s’étend de plus en plus en France. Alors que par le passé, il ne concernait que le sud du pays, aujourd’hui ce sont 80 départements qui sont désormais concernés. Comment travaillent les forestiers après un incendie pour aider la nature à récupérer ? Reportage dans l’Hérault, dans le sud-ouest de la France.
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Deux ans après le 7-Octobre: le témoignage de deux Français juifs
10/6/2025
Il y a deux ans, le Hamas attaquait Israël. Une attaque qui marque le début d'un conflit qui peine encore à trouver une issue. Pour de nombreux juifs à travers le monde, c'est un drame qui est venu les percuter et percuter un traumatisme. Mais aussi le début d'une vague d'antisémitisme, notamment en France avec une augmentation significative des agressions contre des personnes juives. Témoignage de deux Français juifs, pour qui le 7-Octobre a marqué un tournant dans leur vie.
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Journée nationales des aidants: le témoignage de Jean-Louis, proche aidant, et de son fils
10/5/2025
Ce 6 octobre marque la Journée nationale des aidants. Près d’un adulte sur trois en France soutient au quotidien un proche en perte d’autonomie ou en situation de handicap. Si toutes les classes d’âges sont concernées, ce sont en grande majorité des personnes entre 55 et 64 ans qui sont aidantes. Et parmi elles, une très grande majorité de salariés qui, pour faire face, mettent à mal leur propre santé, jusqu’à épuisement. Il existe des aides, mais elles sont insuffisamment connues et pas assez généralisées. Notre correspondante est allée à la rencontre de Jean-Louis, proche aidant de son fils Jacques, en situation de handicap.
Un peu décoiffé, le regard volontaire, Jacques patiente dans son lit. Il est atteint de la myopathie de Duchenne, une maladie dégénérative qui atrophie les muscles. Jean-Louis, son père, est son proche aidant : « Je lève Jacques de son lit pour le mettre sur son fauteuil, c'est ce que l'on appelle un transfert. »
À 22 ans et en fauteuil roulant, Jacques a besoin d'être porté au moins six fois par jour. Mais l'aide ne s'arrête pas là. « Tout ce qui est habillage, toilette, tout ce qui est brossage de dents. Je perds la force, d'année en année. Il faut m'aider à manger, même à boire. J'ai besoin d'aide pour toutes les choses dont un humain a besoin, toutes les choses quotidiennes. », explique Jacques.
Et le jeune homme se culpabilise : « Quand je l'appelle pour me tourner la nuit, et parfois, j'ai envie de le laisser dormir... », regrette Jacques. Jean-Louis regarde tendrement son fils, mais parfois cette aide constante l'épuise, il avoue : « J'ai déjà craqué. En plus, je suis assez direct. J'ai déjà dit à Jacques que je n'en pouvais plus. Cela n'est pas arrivé 36 fois, mais il y a des moments où il y a des grands coups de fatigue. Surtout lors des réveils nocturnes, quand il me réveille cinq fois dans la nuit parce qu'il a mal à la jambe. Là, je suis un peu au bout du rouleau. »
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Jacques est étudiant à la fac et Jean-Louis est salarié. Ça fait dix ans que ce parent aidant consacre un nombre incalculable d'heures à son fils handicapé, mais il ne bénéficie que de quatre jours de congés supplémentaires par an.
Jean-Louis aurait la possibilité d'être relayé par un professionnel, mais il regrette qu'il ne soit pas suffisamment formé : « N'est pas un bon aidant qui veut, et c'est vrai que - Jacques pourra mieux en parler - on a des aidants qui quelques fois ne font pas grand-chose. C'est se mettre à disposition de l'autre et ne pas avoir peur : tu as besoin de quoi ? Est-ce que tu as faim ? Est-ce que tu as soif ? Tu es bien comme tu es ? Tu veux te lever ? Il y a des besoins, il y a peut-être aussi des envies : penser à ouvrir la fenêtre, le soleil va rentrer… » « Il faut qu'il soit dans la compréhension de l'autre. Il faut par exemple une formation psychologique, sur comment aider le malade », ajoute son fils.
Pour Jacques, son père est le meilleur des aidants. « Il n'est pas dans la mièvrerie. Il est dans le combat », affirme-t-il. Et ce qui est touchant, c'est que père et fils se battent ensemble.
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L'histoire de la Sécurité sociale, pilier de la société française qui fête ses 80 ans
10/2/2025
En France, samedi 4 octobre, la Sécurité sociale aura 80 ans. Ce régime de protection, pilier de la société française, se base sur les contributions de chacun pour offrir à tous une protection à chaque âge de la vie : en cas de maladie, d'accident, de grossesse, pour la retraite... Malgré les difficultés auxquelles la Sécu fait face – un déficit de 22 milliards d'euros en 2025 –, les Français y sont très attachés. À l'occasion de cet anniversaire, RFI vous propose de rembobiner l'histoire de ce système. Tout est parti d'une ordonnance du 4 octobre 1945...
Avec les archives de l'Institut national audiovisuel.
« Généraliser par palier la Sécurité sociale à toute la nation française. Cette révolution, excusez-moi cette formule, est attendue par tout le pays. » : tels furent les mots d'Ambroise Croizat (1901-1951), ancien ministre communiste du Travail et fondateur de la Sécurité sociale, il y a 80 ans.
Année 1945 : au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France est à reconstruire. La situation sanitaire et démographique est alors très préoccupante. C'est dans ce contexte que le Conseil national de résistance crée la Sécurité sociale. Pierre Laroque en sera le directeur jusqu'en 1951.
« Ces caisses ont pour rôle de garantir des moyens d'existence à tous les travailleurs qui se trouvent privés de ressources par suite de maladie, de maternité, d'invalidité ou de vieillesse », explique ce dernier.
Les années d'or : 1945-1975
Après la guerre, la Sécurité sociale vit trois décennies d'âge d'or, portée par l'explosion de la croissance. Elle permet à chacun de se soigner, fait de la prévention, distribue des allocations... « Le payeur des allocations familiales traduit l'aide apportée à chaque foyer pour élever ses enfants », explique-t-on alors.
En 1956, elle instaure un minimum vieillesse pour les plus de 65 ans. La Sécurité sociale est devenue indispensable pour la population. À la télévision, on se demande comment, 30 ou 40 ans auparavant, les citoyens faisaient pour prendre soin d'eux. Un Français répondait alors :
« On se soignait quand on avait les moyens de se soigner. Moi, personnellement, j'ai 80 ans maintenant. Je suis bien content que la Sécurité sociale existe. Sans ça, je serais déjà mort. Mais, à ce moment-là, quand il n’y avait pas de Sécurité sociale, ma fille a été opérée deux fois. Eh bien, je vous garantis que les fins de mois, on ne pouvait pas les faire. »
Les défis et les réformes
Mais à la fin des années 1960, le temps se gâte. La Sécurité sociale connait son premier déficit. C'est le fameux « trou de la Sécu ». Voici venu le temps des inquiétudes et des campagnes de pub. Un slogan reste en mémoire : « La Sécu c'est bien, en abuser, ça craint. »
Depuis, la Sécurité sociale n'a cessé de changer avec ses réformes : réforme de la santé, réforme des retraites qui fait descendre les Français dans la rue... Ces derniers tiennent à leur sécu. Benjamin Ferras, auteur d'un livre sur la Sécurité sociale, explique : « Notre Sécurité sociale, aujourd'hui, c'est le seul service public qui accompagne chaque Français, avant qu'il naisse, en prenant soin de la future maman, et une fois qu'il est mort, en prenant soin de sa descendance. »
À 80 ans, la vieille dame est certes chahutée, mais plus que jamais nécessaire en France.
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Retraites spirituelles: les Français en quête de paix intérieure
10/2/2025
En France, les retraites spirituelles connaissent un réel essor. Le site Ritrit (ritrit.com), qui met en relation des monastères et abbayes avec des personnes souhaitant faire une retraite, voit le nombre de ses réservations exploser. Qu'elles soient spirituelles, studieuses ou pour se retrouver, ces retraites séduisent de plus en plus de non-religieux et sont ouvertes à tous.
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Éco-score textile: le coût environnemental des vêtements arrive sur les étiquettes en France
9/30/2025
En France, un éco-score textile entre en vigueur ce mercredi 1er octobre dans les enseignes de prêt-à-porter. L'objectif : informer le consommateur sur le coût environnemental du t-shirt, de la veste ou du maillot de bain qu'il s'apprête à acheter. Inspiré d'un indicateur conçu par l'Union européenne, ce nouvel outil de mesure français n'est pas obligatoire.
Dans sa boutique au centre de Paris, Christophe Cordonnier vend des vêtements conçus à partir de matières recyclées. Sa marque, Lagoped, est la première en France à afficher l'éco-score de ses produits textiles. Si on prend l'exemple d'un coupe-vent de cette marque, le coût environnemental est de 2 639 points d'impact : « Ça veut dire que c'est le résultat d'une analyse de cycle de vie complète sur un produit, depuis la matière première jusqu'à sa fin de vie, en passant par sa fabrication, sa distribution, les transports, son stockage, son utilisation. Et sur cette analyse de cycle de vie, on prend en compte 16 impacts environnementaux : l'utilisation des ressources naturelles, que ce soit l'eau, les terres arables, les minerais, les pollutions de l'eau ou de la terre... »
Les règles de calcul sont publiques, chaque marque peut donc s'emparer de la méthodologie ou confier ses données à un organisme extérieur. « Il faut savoir où sont faites les matières, où est fait le tricotage, le tissage, la teinture, qu'est-ce qu'on a utilisé comme produit, quels sont les poids, quelles sont les compositions... Après, on peut se contenter d'avoir simplement la composition, le poids et le pays de fabrication, ça suffit déjà pour calculer un score, qui ne sera pas le plus précis de ce que fait l'entreprise qui calcule le score, mais en tout cas, qui sera une approximation qu'on peut mener », poursuit Christophe Cordonnier.
Plus le produit a un score élevé, plus son impact sur la planète est lourd. Pour ces deux passantes, ce nouveau chiffre indiqué sur l'étiquette aura du mal à rivaliser avec les petits prix des enseignes de fast fashion. « Je connais beaucoup de gens qui pensent d'abord économiquement, et c'est normal. C'est un peu compliqué en ce moment ou parce qu'ils n'ont pas beaucoup d'argent », lâche une première.
Un indicateur pour repenser la consommation
« Mais aussi, je pense que les personnes ne sont pas forcément informées sur le coût environnemental de la production de vêtements et que, justement, si l'éco-score venait à être mis en vigueur correctement, ça pourrait être un vrai outil sur la manière dont on informe les consommateurs sur leur choix », note une autre.
Un indicateur qui va dans le bon sens selon l'ONG les Amis de la Terre, mais qui devrait être assorti de pénalités financières pour les marques. Pierre Condamine, chargé des questions de surproduction, développe : « Si je vends un t-shirt qui a un impact environnemental qui est bien plus élevé que le reste, eh bien, je dois payer 1€, 2€ en plus pour avoir le droit de le commercialiser en France. Et ça, c'est ce qu'on demande. Parce qu'en effet, l'information, la sensibilisation, c'est une bonne étape, mais ça n'infléchit pas les pratiques des consommateurs et des consommatrices. Mais, par contre, si on met une pénalité financière, les entreprises peuvent, elles, être plus disposées à essayer de changer leurs pratiques. »
Les marques afficheront cet éco-score sur la base du volontariat. Et pour celles qui ne l'ont pas fait d'ici un an, la société civile pourra publier elle-même le coût environnemental de leurs produits sans accord préalable de l'enseigne.
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Lutter contre la solitude: le succès des applications de rencontres amicales
9/29/2025
17 % des Français se sentent souvent, voire toujours seuls, selon un sondage Ifop, fin 2024. C’est quatre points de plus qu’en 2018, avant l’épidémie du Covid-19. Depuis, les confinements et cette hausse de la solitude ont démocratisé le recours au numérique, pour créer du lien. De nouvelles applications de rencontres proposent ainsi de trouver, non pas l’amour, mais des amis. De plus en plus spécialisées, elles permettent à leurs membres d’organiser un repas, un concert, un cinéma, en groupe.
Dix inconnus se retrouvent sur les quais de Paris, en milieu d’après-midi. Leur point commun : une partie de ping-pong, planifiée sur une application de rencontres. Elsa, l’organisatrice de 44 ans, apprécie ces sorties comme une solution pour les personnes isolées : « J’ai pas trop d'amis, parce que déjà mon fils me prend beaucoup de temps entre le travail, lui, l'école. Donc j'ai un rythme déjà assez soutenu. Du coup, voir, rencontrer de nouvelles personnes, je trouve que ça fait du bien. »
Ces applications – Knokk, créées pendant le confinement, ou Frimake – représentent chacune plus de 500 000 utilisateurs. On peut y créer des salons numériques, pour échanger et organiser des activités dans son quartier, cinémas, promenades. Stéphane, 42 ans, a découvert l’application pour un nouveau départ : « Moi, c'était après une rupture amoureuse, et je voulais me faire un bowling. On était en plein mois d'août, mes potes étaient en vacances et je ne sais plus pourquoi, j'ai fait une recherche sur internet, et j'ai fait une sortie comme ça au hasard. »
Des hasards qui lui ont permis de sortir de la solitude, affirme Stéphane : « C'est de belles rencontres, des gens que je n'aurais pas rencontrés dans mon parcours normal et oui, ce sont des gens intéressants quand tu t'intéresses à eux. ». Et quand on lui demande, s'il les considère comme des amis aujourd'hui, il répond : « Ouais. On peut dire ça, ouais. »
« Une société où la solitude est une véritable épidémie »
Ellison, 23 ans, est arrivé à Paris, il y a une semaine : « Comme je ne connaissais personne, je me suis dit que j'allais essayer, je vais voir s'il n'y a pas des applications qui permettent de rencontrer des gens, de faire des activités et tout. Cela fait quelques jours que je suis dessus, enfin presque une semaine maintenant. Et pour l'instant, j'ai pu faire pas mal de trucs. J'ai pu faire de l'Ultimate, de la pétanque, pique-nique, du badminton aussi ! »
WeRoad organise des voyages avec des inconnus, Timeleft, des dîners. Il y a aussi des applications à swipe, où l’on fait glisser à droite ou à gauche les profils, selon s’il nous plait ou non. Comme l’application Turn Up, qui se base sur les goûts musicaux.
C’est grâce à elle que JC, 40 ans, a pu créer un groupe d’amis très soudé, qui se retrouvent très souvent : « On s'est retrouvés du coup trois mecs, quatre filles, et tout le monde s’est entendu. Et après, chacun a ramené des rencontres d'appli, ou de soirée. Au bout de deux mois, on était 35 - 40 dans notre groupe. Il y a eu un côté thérapeutique. Moi, j'ai eu une histoire l'année dernière où j'ai quitté un groupe de potes, et j'ai eu ce sentiment d'être seul en août. Et je pense que 90 % des gens de ce groupe ont été exactement dans la même situation que moi. C'est ça qui crée le côté familial. »
Face au succès de ces applications, Pascal Lardellier, professeur à l'université de Bourgogne, constate qu’on renonce à la spontanéité pour lutter contre cette solitude, un véritable phénomène de société : « On se sent seul parce que, n'oublions pas, nous sommes dans une société d'individualisme connecté, et ça, c’est un grand paradoxe. Nous sommes bardés de prothèses technologiques, mais nous sommes faiblement rencontrants et fortement communicants. C'est un paradoxe en effet d'une société où la solitude est une véritable épidémie, mais d'une société dans laquelle c'est sur les plateformes, qui vont parfois fragmenter et archipelliser les communautés, que l'on rencontre des gens...
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La précarité alimentaire des demandeurs d'asiles
9/28/2025
Faute d’argent, un demandeur d’asile sur deux est obligé de sauter des repas en région parisienne. Pire encore : deux parents sur trois se privent pour mieux nourrir leurs enfants. Ces chiffres alarmants sont tirés d’une enquête publiée par l’ONG Action contre la faim au début de l’été. Au total, près de 200 demandeurs d’asile ont été sondés. Tous ont posé leurs valises dans des hébergements d’urgence autour de Paris qui réclament d'urgence l'aide de l'État. Notre correspondant a poussé la porte d’un de ces centres, un ancien hôtel à Bussy-Saint-Georges, qui accueille 170 demandeurs d’asile, des Maliens, des Congolais, des Afghans. Tous s'habituent à s'endormir le ventre vide.
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Mercosur, Ukraine, insecticides... Pourquoi les agriculteurs continuent à se mobiliser?
9/25/2025
Dans une France en pleine crise politique, le début de l’automne est aussi marqué par une profonde grogne sociale. Après le mouvement « Bloquons tout », et entre deux journées de grève à l'appel des syndicats, c’est au tour des agriculteurs de descendre dans la rue. La FNSEA, le principal syndicat agricole, appelle ce vendredi à une journée d’actions pour protester contre la signature d’un accord de libre échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, en Amérique latine.
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Aristophil: l'escroquerie aux 18 000 victimes
9/24/2025
Depuis début septembre, les juges du tribunal correctionnel de Paris décortiquent une vaste escroquerie qui a coûté plus d'un milliard d'euros à des dizaines de milliers de victimes. L'illusion était pourtant parfaite : la société Aristophil, qui avait pignon sur rue à Paris, proposait aux personnes désireuses de placer leur épargne d'acheter de toutes petites parts d'une œuvre d'art, avec une promesse juteuse à la clef : une fois l'œuvre vendue, chacun récupère sa mise, avec intérêts et plus-value. Mais la pyramide de Ponzi finit par s'effondrer en 2014. Dix ans plus tard, 8 000 parties civiles attendent de revoir la couleur de l'argent qu'ils ont investi.
« Émotionnellement, c'est dur. » Les yeux embués de larmes, Sylvie sort de la salle d'audience. Elle vient de raconter à la barre son histoire et comment tout a basculé. À sa droite, sur le banc des accusés : des marchands d'art, des notaires, des courtiers en assurance, soupçonnés d'avoir participé à l'escroquerie imaginée par Gérard Lhéritier, qui comparait libre lui aussi : « C'est tellement des gens lamentables pour moi. Là, les témoignages qu'on a entendus avant moi, ça m'a mis déjà les larmes aux yeux. Donc je crois que de le voir, c'est… je trouve ça dur. »
Un placement présenté comme sûr
En 2010, Sylvie, qui vient de vivre un divorce difficile et de vendre sa maison, décide de placer ces nouvelles économies. La société Aristophil propose justement à des passionnés de littérature comme elle, d'acheter les parts de manuscrits prestigieux avec la promesse de récupérer l'argent lorsque l'œuvre serait vendue, avec en prime 8% d'intérêts par an et la plus-value de la vente : « J'espérais à l'époque récupérer cet argent, bonifié en quelque sorte, pour réinvestir dans un fonds de commerce. Ma vie a été complètement bouleversée. »
Une arnaque parfaitement ficelée, d'après son avocat Nicolas Lecoq-Vallon. Il représente près d'un millier de victimes : « Ces placements, ce n’était pas quelque chose de délirant, c'est un investissement de bon père de famille. On disait, mais écrit noir sur blanc, plutôt que d'aller sur le livret A, pourquoi ne prenez-vous pas un investissement ? Chez Aristophil, c'est tout aussi sûr et vous avez un rendement qui évidemment est beaucoup plus intéressant. Donc, c'est un discours qui était tout à fait crédible et qui pouvait être suivi par des gens qui étaient des gens raisonnables et qui n'étaient pas des spéculateurs. »
Une pyramide de Ponzi bien dissimulée
C'est en 2014 que Sylvie apprend qu'Aristophil est en réalité une pyramide de Ponzi : multiplier les investisseurs pour que les premiers soient remboursés. Mais les derniers arrivés, eux, ne récupéreront jamais leur mise. Sylvie voit donc près de 130 000 euros s'évaporer et son monde s'écrouler : « Le point commun de tout le monde, je trouve, et c'est ça qui est dingue aussi, c'est comme les femmes violées, c'est le sentiment de honte alors qu'on est des victimes. Ces dix années, elles sont passées. Aujourd'hui, je suis à la retraite, mais j'aimerais quand même bien retrouver cet argent. J'ai quand même deux grandes filles qui sont adultes aujourd'hui, et si je pouvais au moins maintenant, à mon tour, les aider elles, ce serait super. »
Au total, 18 000 personnes auraient confié leur épargne à la société de Gérard Lhéritier. Huit mille se sont constituées parties civiles. À l'écoute de leur témoignage, le principal suspect s'est dit « solidaire » des victimes, mais assure qu'elles ne connaissent pas les vrais dessous du dossier.
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Arnaques au titre de séjour
9/23/2025
En France, plus la politique migratoire du gouvernement est ferme, moins les personnes sans papiers ont de chances d'être régularisées, et plus fleurissent sur internet des sociétés commerciales qui vendent leurs services d'aide administrative. Elles promettent un accompagnement personnalisé, des procédures accélérées, des titres de séjours en peu de temps... moyennant finance évidemment. Des publicités sont placardées régulièrement dans les couloirs du métro parisien notamment. Des publicités mensongères qui s'adressent à une population particulièrement vulnérable.
« Il y a plus d'un an, j'ai payé 1 740 euros pour qu'on puisse me trouver un rendez-vous à la préfecture. Je ne comprends pas... »
Mary remonte le fil de sa boîte mail pour nous montrer des preuves de paiement et les quelques échanges qu'elle a eus avec une société, qui se présente comme spécialiste des démarches d'immigration en France : « J'ai entendu parler d'eux, surtout dans les publicités. Le premier rendez-vous, c'est gratuit. Ils nous disent directement : "Vous allez avoir vos papiers le plus rapidement possible !" Vous vous imaginez… »
Cette mauritanienne de 43 ans, qui s'occupe seule de ses cinq enfants, espérait enfin sortir de la clandestinité et obtenir un titre de séjour. Alors, comme demandé, elle dépose rapidement tous les documents nécessaires au siège de la société en proche banlieue parisienne : « Mes bulletins, c'est moi qui les ai amenés, attestation de scolarité de mes enfants, avec mes impôts, tout. Ils m’ont même dit "vous avez tout classé, c'est parfait". »
Quelques mois plus tard, la mère de famille reçoit un accusé de réception de la préfecture des Yvelines, où elle vit. Son dossier semble être arrivé à bon port, mais depuis plus rien... « Je les appelle, ils me disent "non, il faut juste attendre". J'ai répondu attendre jusqu'à quand ? Ce n’est pas ce que vous nous avez dit avant ? »
Nous avons décidé d'appeler cette société pour savoir ce qui pouvait bien justifier une facture de 1 740 euros, lorsque l'on sait que toute démarche administrative en France est gratuite : « Nos avocats travaillent d'arrache-pied normalement avec la préfecture. On fait vraiment de notre mieux pour leur obtenir des rendez-vous en préfecture. »
« C'est une arnaque »
Jacques Mercier est délégué syndical CFDT dans les Yvelines, chargé des travailleurs sans papiers : « Les quelques retours d'expérience que l'on a montrent que ces personnes, elles ont un mail disant "on va s'occuper de vous", mais derrière, il ne se passe rien ou s’il se passe quelque chose, ça n'accélère en rien leurs démarches. La préfecture, elle respecte l'ordre dans lequel les dossiers sont déposés. »
Depuis quelques années, la CGCCRF, le service anti-fraude de l'État, note une multiplication des sites monnayant une aide administrative, notamment à l'adresse des étrangers. Pour Jacques Mercier, ils profitent du désarroi des usages face à la dématérialisation des démarches, mais aussi de l'allongement des délais de traitement : « Il se passe une année, deux années et elles n'ont aucun retour. Et si elles écrivent à la préfecture pour demander des nouvelles, la préfecture leur répond qu'on leur écrira un jour, "quand on aura le temps". »
En France, de nombreuses associations et de syndicats accompagnent gratuitement les étrangers dans leurs démarches administratives.
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Les droits de douane américains frappent durement les fabricants français d’instruments de musique
9/22/2025
Depuis le 7 août, des droits de douane américains de 15% s'appliquent sur les exportations européennes. Les filières du vin, de l’aéronautique ou encore du luxe comptent parmi les plus touchées. Mais ces nouvelles taxes ont aussi de lourdes répercussions sur l’industrie française des instruments de musique, qui exporte massivement outre-Atlantique. Le marché américain capte la moitié des instruments produits dans le monde.
Dans l’imposant atelier de Buffet Crampon, situé à Mantes-la-Ville, à l’ouest de Paris, 15 000 clarinettes sont produites chaque année. Une majorité est exportée de l’autre côté de l’Atlantique, « environ 30% de notre production », estime Jérôme Perrod, président de cette entreprise bicentenaire.
Mais depuis l’entrée en vigueur des taxes américaines, le 7 août dernier, la mélodie a changé, explique ce chef d’entreprise : « On perçoit déjà la baisse du marché liée à des augmentations de prix. Les magasins font preuve d’une grande prudence et ne veulent pas renouveler leurs stocks, car ils ont la crainte que les musiciens achètent moins d’instruments. »
De fait, le marché des instruments de musique à vent se contracte aux États-Unis, en raison d’une augmentation des prix dans le pays, consécutive à l’instauration des droits de douane par l’administration de Donald Trump. La hausse observée varie de 10 à 15%, selon Jérôme Perrod.
À la tête des harpes Camac, entreprise pionnière dans la construction de harpes en France, Jakez François dresse un constat similaire. Le marché américain représente un quart de ses exportations. « Ces droits de douane ont fait bondir nos prix immédiatement. Ils s’ajoutent à la faiblesse du dollar par rapport à l’euro. En combinant les deux, on enregistre une hausse de nos prix de l’ordre de 22% aux États-Unis. »
Le 15 septembre dernier, l’entreprise subit une déconvenue annoncée. « Nous avions un container qui était sur le point de partir avec une quinzaine de harpes. Notre distributeur principal a annulé une grosse moitié de la commande. On se retrouve concrètement dans la situation qu'on craignait », soupire Jakez François. Un coup dur alors que le principal concurrent mondial des harpes Camac se trouve justement aux États-Unis : « Cela rend notre position bien plus difficile vis-à-vis de ce concurrent. »
En revanche, Buffet Crampon est presque en situation de monopole sur le marché des instruments de musique à vent. Alors son président, Jérôme Perrod, avoue ne pas comprendre la pertinence de ces droits de douane : « Nous n’avons aucun concurrent aux États-Unis, donc personne ne va tirer bénéfice de ces taxes américaines. »
Des conséquences sur la qualité des productions
Les droits de douane conclus entre l’Union européenne et l’administration Trump ressemblent bel et bien à un accord perdant-perdant. D’autant plus compromettant que la pratique des instruments de musique à vent est historiquement très ancrée outre-Atlantique. « Il y a une très forte émulation aux États-Unis dans la pratique instrumentale, en particulier en orchestre, dès l’école. La moitié des enfants entre 9 et 12 ans choisissent de pratiquer un instrument à vent, ce qui génère forcément des vocations », rappelle Jérôme Perrod.
Mais à terme, cette tradition pourrait souffrir des conséquences de ces droits de douane, explique Coraline Baroux-Desvignes, déléguée générale de la Chambre syndicale de la facture instrumentale, qui représente une soixantaine d’entreprises du secteur : « Il y a des musiciens qui risquent de retarder l’achat d’instruments de musique en attendant que la situation soit plus propice, ce qui peut avoir un impact sur la qualité des productions musicales. »
Sans compter que la hausse des prix affecte également les instruments d’études, moins chers. « Cela pourrait décourager les musiciens en herbe de se lancer dans la pratique régulière d’un instrument », ajoute Coraline Baroux-Desvignes, qui dit craindre des conséquences sur « plusieurs générations de musiciens ».
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La galère des étudiants ultramarins pour se loger
9/21/2025
Se loger pour un étudiant, c'est déjà un véritable casse-tête... Mais lorsqu'on vient des territoires d'outre-mer pour poursuivre ses études en métropole, c'est encore plus compliqué. Les étudiants ultramarins sont frappés par une discrimination au logement liée à la situation géographique et économique de leurs garants, selon l'Insee. Actuellement, ce sont 38 000 étudiants des Outre-mer qui suivent des études supérieures dans l'Hexagone, dont 6 000 nouveaux qui arrivent en début d'année universitaire.
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