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Reportage France - Paroles de soignants

RFI

Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.

Location:

Paris, France

Genres:

World News

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RFI

Description:

Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.

Language:

French


Episodes
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Déchets miniers: des Cévennes à la Mayenne, voyage toxique à travers la France

5/4/2025
Saint-Félix-de-Pallières et ses environs, dans le sud de la France, vivaient depuis plus de cinquante ans au milieu de tonnes de déchets miniers hautement toxiques. Après une décision du Conseil d'État en avril 2024, de délicats travaux de dépollution ont enfin été lancés à l'automne. De notre envoyé spécial, de retour de Saint-Félix-de-Pallières et Changé Pour accéder au chantier depuis la route qui vient d’Anduze, André Charrière a pris à droite juste avant la maison des Leclercq. Il a traversé le petit pont qui enjambe le Paleyrolles pour s’engager sur un chemin forestier cabossé et finalement s’arrêter quelques centaines de mètres plus loin, bloqué par deux pelleteuses en plein travail. Alors il est descendu de sa voiture et le voici qui contemple la scène, placide, un classeur sous le bras. À vrai dire, il n'y a plus grand-chose à regarder. Simplement une étendue de terre fraîche clôturée par un grillage et, là-bas, émergeant d'un tas de branchages, un panneau qu'on déchiffre en plissant les yeux : « Attention danger ». Il paraît neuf mais c'est déjà un vestige. Celui d'une époque pas si lointaine où s'arrêter ici pour pique-niquer était vivement déconseillé. Et pour cause : le sol était gorgé de métaux lourds à des niveaux explosant les records. André Charrière a tout répertorié dans son classeur. « La dernière analyse menée cet été avant le lancement des travaux a relevé à certains endroits des teneurs en plomb de l'ordre de 100 000 à 600 000 mg par kilo de matière sèche. C'est deux mille fois le seuil de toxicité ! », s'émeut-il. Il n’en revient toujours pas. Exploitation et désinvolture André Charrière était autrefois géologue. Il est aujourd'hui l'un des piliers de l'Association pour la dépollution des anciennes mines de la Vieille Montagne (ADAMVM), qui s'est montée après qu'un rapport faisant état de zones fortement contaminées par les métaux lourds dans la commune a été exhumé d'un tiroir de la mairie. C'était il y a quinze ans. Depuis, quand un journaliste se rend à Saint-Félix-de-Pallières pour un reportage sur le sujet, c'est souvent lui qui se charge de le guider sur ces terres empoisonnées par plus d'un siècle d'exploitation minière et de désinvolture. À lire aussiEaux métalliques: dans les Cévennes, un «paradis empoisonné» [1/2] Dans les années 1950, le secteur de la Croix-de-Pallières était le troisième plus grand site minier de zinc et de plomb de France. À sa fermeture en 1971, des tonnes de résidus ont été abandonnés là, en pleine nature. Outre le zinc et le plomb, on y trouve des particules de manganèse, d’arsenic, de cadmium, d’antimoine… que les grosses pluies automnales charrient jusqu’aux cours d’eau et que les vents éparpillent dans la vallée. L'organisme public Geoderis a cartographié 43 hectares de dépôts, l'équivalent de 61 terrains de football, dont le Conseil d'État a fini par exiger la dépollution en avril 2024. En tant que dernier exploitant des mines, et bien qu'il ne soit plus propriétaire des terrains, le géant belge Umicore a dû s'exécuter. Les travaux ont commencé ici, au cercle de l'Issart, juste en contrebas du chemin où André Charrière a laissé sa voiture. Ce premier chantier, lancé en novembre, aura duré trois mois. Quelques jours plus tôt, le retraité avait pu observer le ballet des engins déblayer la terre contaminée, aussitôt analysée puis transportée par camions dans des sites d’enfouissement spécialisés, avant que le sol ne soit recouvert d'une première couche de galets et de tout-venant, et d'une seconde de terre végétale. Quelque 4 000 tonnes de terre ont ainsi été extraites, soit plus du double qu'initialement prévu. En raison de sa forte toxicité, la quasi-totalité a été emportée à 800 kilomètres de là, au centre de stockage de déchets dangereux de Changé, dans le département de la Mayenne. L'un des treize du genre que compte l'Hexagone. Un long processus Le visiteur qui s'attendait en arrivant sur place à pénétrer sur un site ultra-protégé, avec barrières...

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En France, le quotidien sous pression des opposants algériens au régime

5/1/2025
Alors que les tensions sont vives entre Paris et Alger, les opposants au régime d'Abdelmadjid Tebboune vivant sur le sol français se retrouvent, eux aussi, pris pour cible par le pouvoir algérien et ses partisans depuis plusieurs mois. À l'instar de l'influenceur Amine DZ qui avait été enlevé il y a un an. Menaces, cyberharcèlement, condamnations par contumace, deux activistes politiques installés en France racontent les outils de pression qu'utilisent le régime et l'existence discrète qu'ils sont contraints de mener. Sur ces réseaux sociaux, l'activiste Chawki Benzehra critique le régime algérien à visage découvert. Mais une fois la caméra éteinte, il vit caché. Chaque déplacement est millimétré. « Je fais très attention de sortir principalement en voiture, de ne pas prendre le même chemin, être incognito dans la rue. Je choisis les endroits avec beaucoup de précautions. C'est plus une vie normale », raconte-t-il. Le mois dernier, il apprend que son nom figure sur une liste de trente opposants vivant en France, sur lesquels Alger se renseigne. Un fonctionnaire, accusé d'espionnage et arrêté, aurait fait sortir leurs informations personnelles des bases de données administratives de l'État français. L'activiste algérien bénéficie du statut de réfugié politique, mais pour lui, ce n'est plus suffisant. « C'est plus une protection administrative qu'une vraie protection de mon intégrité physique. À cause des pratiques du régime algérien et de ses agents présents sur le sol français. Maintenant, ce n'est plus possible de vivre normalement en étant opposant au régime algérien en France », regrette-t-il. Même prudence chez Aksel Bellabbaci, opposant lui aussi, car il milite pour l'indépendance de la Kabylie, région du Nord de l'Algérie. « Bien sûr, on change toujours nos habitudes. On change aussi le lieu de résidence. Parce qu'on est tout le temps surveillé, on est tout le temps suivi. On sait de quoi il est capable ce régime », confie-t-il. En juin 2024, alors qu'il vit en France depuis 2012, la police française le convoque et lui apprend qu'un mandat d'arrêt a été déposé contre lui. « J'ai découvert que j'étais accusé d'être derrière des incendies de la Kabylie de 2021 où il y avait à peu près 500 morts et le lynchage de Djamel Bensmail, un Algérien qui a été assassiné, lynché sur le territoire kabyle », se souvient-il. Des motifs fallacieux et absurdes selon lui, qu'il ne prend pas au sérieux. Mais qui révèlent la pression juridique qui pèse sur ses épaules. « J'ai été condamné à 14 reprises. En tout, il y a 203 ans de prison plus deux condamnations à mort », énumère-t-il. Contrairement à Chawki Benzehra, la demande d'asile politique d'Aksel Bellabbaci n'a pas encore été acceptée. Il pourrait donc être extradé si la justice française donnait son feu vert. La cour d'appel de Paris devait rendre sa décision cette semaine, mais a finalement choisi pour la deuxième fois de la reporter. À lire aussiEn région parisienne, la crise diplomatique entre Paris et Alger vue par les Franco-Algériens

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En France, la maternité reste un combat difficile pour les femmes avocates

4/30/2025
Le 1er mai est un jour de lutte pour tous les travailleurs et travailleuses en France. RFI se penche sur une problématique propre aux professions libérales, la question du congé maternité. Exemple chez les avocates, parmi lesquelles 17 % ne prendrait pas leur congé maternité, contre 10 % dans les autres professions. La maternité reste un parcours difficile pour ces avocates : mise au placard, licenciement, perte de clients. Des syndicats d'avocats se battent pour faire respecter les droits des futures mères, et notamment leurs congés maternité. Dans la 13e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, l'atmosphère est tendue. Une vingtaine d'avocats et avocates, robes noires sur le dos, sont venus soutenir Lola de Laâge. Cette avocate demande un renvoi d'audience, c'est-à-dire le report du procès sur lequel elle doit intervenir, car elle est enceinte. « Ma consœur devait partir en congé maternité plus tard. Pour des raisons médicales, elle a dû commencer son congé plus tôt que prévu. Elle en a avisé dès que possible le président de la chambre correctionnelle concerné. Qui lui a indiqué qu'il fallait qu'elle se prépare à ce que cette demande de renvoi soit rejeté et que son client soit jugé sans elle », déplore Manon, l'une de ses amies. Lola de Laâge est absente depuis le déclenchement de son arrêt maternité. Alors c'est sa consœur Sophie Allaert qui plaide pour elle. L'audience est mouvementée. Le président de l'audience, Guillaume Daïeff lève les yeux au ciel durant la plaidoirie. Le représentant du parquet s'agace. Selon lui, Lola de Laâge a gardé le dossier, malgré son arrêt, pour continuer à toucher de l'argent. Les avocats se lèvent, indignés. Le report de l'audience est finalement accepté, mais pas d'explosion de joie chez les avocats. À la sortie de l'audience, Sophie Allaert semble lessivée. « C'était la pire audience de ma vie. Aujourd'hui, en 2025, on est en train de nous dire qu'un arrêt maternité, et encore plus pathologique, ne justifie pas un renvoi. Donc, on est encore au point zéro. Moi, j'aimerais qu'on pose une question. Je n'ai pas dix ans de barre, je n'ai pas vingt ans de barre. Mais de mon expérience, je n'ai jamais vu un renvoi refusé lorsqu'un confrère fait état d'une problématique médicale. Et là, c'est exactement le cas. On est sur un arrêt pathologique et on s'en fiche », s'indigne-t-elle. Lola de Laâge n'était pas présente, mais ses collègues lui ont raconté l'audience. Elle est sous le choc : « À la base, c'est peut-être naïf de ma part, je n'ai pas imaginé que ça allait poser des difficultés. Je ne comprends pas que ce ne soit pas un motif légitime de renvoi. Et qu'on doive se justifier et venir expliquer des choses que je considère de l'ordre de l'intime à une audience. Franchement, c'est regrettable. » Le cas de Lola n'est pas une première. Il y a un an, une avocate a perdu les eaux et fait une crise d'épilepsie en pleine audience au tribunal de Paris. La raison ? Le renvoi de son audience avait été refusé par le tribunal. Pour Chloé, avocate, il y a un problème de sexisme au sein de la profession et faire partie d'une profession libérale n'arrange rien. « Il faut savoir que très peu d'avocates sont salariés. Quand on est libérale, on n'est pas protégées par le droit du travail. Donc, il y a ce risque d'être licenciée du jour au lendemain. Il y a aussi le sujet de comment on garde ses clients si l'on est arrêtés pendant quatre mois comme c'est notre droit. On est de fait interdit de travailler, sinon on n'a pas le droit à nos indemnités maternité. Mais en même temps, les dossiers continuent, donc il y a beaucoup de questions organisationnelles sur lesquelles on a besoin de mettre en place un certain nombre de mesures. Une mesure simple, c'est déjà de dire que quand il y a un dossier qui tombe pendant cette courte période de quatre mois, le renvoi doit être absolument de principe, sauf situation exceptionnelle », estime-t-elle. Une situation qui la touche personnellement, car...

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[100 jours de Trump]: paroles d'étudiants américains à Paris

4/29/2025
Que l'on adhère ou non à son programme et ses idées, le président des États-Unis ne laisse pas indifférent. Depuis sa prise de fonction à la Maison Blanche en janvier dernier, Donald Trump a déjà signé plus de 140 décrets remettant ainsi en cause, entre autres, le droit du sol, des minorités et des femmes, ou en suspendant (ou supprimant) brutalement les financements américains qui passaient par des agences USAID, sans oublier la hausse des droits de douanes. Les coupes budgétaires opérées dans de nombreux secteurs, notamment dans celui de la santé et de la science, inquiètent également bon nombre d'Américains. À l'occasion des 100 premiers jours du président républicain Donald Trump, notre journaliste s'est entretenue avec deux étudiants américains à Paris qui lui ont confié leurs inquiétudes et leurs espoirs. Reportage.

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Trois générations racontent leur rapport à la guerre du Vietnam, achevée il y a 50 ans

4/28/2025
Il y a 50 ans s’achevait l’un des conflits les plus meurtriers du XXe siècle : la guerre du Vietnam. Le 30 avril 1975, la ville de Saïgon, bastion occidental du sud, tombe aux mains de l’armée populaire vietnamienne. C’est une débâcle pour les États-Unis engagés dans le conflit et le début d’une nouvelle ère marquée par la réunification du pays, dirigé depuis cinq décennies par un régime communiste. De nombreux vietnamiens fuient ce nouveau régime par la mer à la fin des années 1970 : ce sont les « boat people ». Nombre d’entre eux trouvent refuge en France, notamment à Bussy-Saint-Georges, une ville située à l’est de Paris, où trois générations de Vietnamiens racontent leur rapport au conflit. « Le 30 avril 1975 est une journée que je n'oublierai jamais. » Anh Linh Tran, septuagénaire, est un ancien officier de l’armée du sud Vietnam. Ce 30 avril 1975, lui et la centaine d'hommes qu’il dirige, n’ont d’autres choix que de se rendre : « Nous n’avions plus assez de nourriture et de munitions pour résister, alors nous avons déposé les armes. Nous étions très tristes, mais on ne pouvait pas faire autrement. » Le nouveau régime communiste l’emprisonne durant trois ans. Puis, en 1979, il fuit son pays à contrecœur et embarque avec lui les traumatismes de la guerre. Il rejoint la Malaisie en bateau, puis la France où naissent et grandissent ses enfants. « Quand ils étaient jeunes, je leur promettais de les amener au Vietnam, là où je suis né. Je l’ai dit comme cela, sans trop réfléchir, mais mes enfants s’en sont souvenus et ils m’en ont à nouveau parlé quelques années plus tard, raconte Anh Linh Tran. Mais à l’approche du départ, je leur expliquais que je ne me sentais pas encore d’y retourner, car je ne supporte pas le régime communiste en place. » Le voyage aura finalement lieu en 2019. Un retour au pays pour l’ancien militaire, quarante ans après l’avoir quitté. Depuis, c’est dans un livre intitulé Good Bye Saïgon, adressé à ses enfants, qu’il a couché ses souvenirs. « Je relate mon passage à l’armée, la prison puis mon arrivée en France, je leur raconte presque tout. » Presque tout. Car une partie du récit est toujours douloureuse, alourdie par le tabou de la guerre et le déracinement. « Je ne raconte pas la tristesse que j’ai vécue, je ne leur impose pas, car ce n'est pas leur histoire », renchérit de son côté Tran Phung Vu Nguyen, la cinquantaine. Avec ses enfants, il fait aussi le choix de l’économie des mots. Lui a quitté le Vietnam à l’âge de neuf ans. « On est partis sur un petit bateau avec une vingtaine de personnes et on a rencontré un bateau pirate qui nous a coulés. » Ce sont finalement des marins malaisiens qui les récupèrent et les ramènent à terre. Tran Phung Vu Nguyen finit lui aussi par gagner la France. « J’essaye de ne pas me définir par mon passé » De cette histoire, ses enfants savent peu de choses. Ils ne posent pas beaucoup de questions. L’histoire, le passé, la mémoire les intéressent peu. « Ils sont nés en France donc ils ont une mentalité française. Pour eux, le Vietnam est un pays plus touristique qu’autre chose, explique le père de famille, président de l’amicale des Vietnamiens de Bussy-Saint-Georges. Quand je les emmène au Vietnam, c’est d’abord et avant tout pour les paysages. L’aspect mémoriel, on l’évoque ici, en France, entre nous. » À 18 ans, Minh Quan Vo, étudie le droit à Paris. Issu de la seconde génération de Vietnamiens nés en France, il le confirme : il pose peu de questions à ses aînés. Par crainte, dit-il, « de réveiller des blessures ». Par volonté aussi d’écrire sa propre histoire : « J’ai étudié la géopolitique au lycée, donc je connais l’importance de la mémoire et du devoir de mémoire, mais pour autant, j’essaye de ne pas me définir par mon passé et mes origines. J'essaye de me définir par mes propres actions, explique le jeune homme. Je pense que c’est important de savoir ce qu’il s’est passé, de savoir comment cela a affecté ma vie indirectement. C'est important d'en avoir...

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En France, les médecins dans la rue pour protester contre la loi Garrot

4/27/2025
En réaction à l'adoption par les députés d'un article de loi visant à réguler l'installation des médecins sur le territoire, et ainsi espérer résoudre le problème des déserts médicaux, les médecins lancent un mouvement de grève ce lundi 28 avril et des manifestations auront lieu dans toute la France mardi. Ce n'est pas une nouvelle problématique en France : non seulement il n'y a pas assez de médecin dans le pays, mais ils sont aussi très mal répartis. Huit millions de Français vivent aujourd'hui dans un désert médical, sans médecin généraliste attitré. Pour y remédier, des députés ont adopté, le 2 avril 2025, un article de la loi Garrot visant à réguler l'installation des médecins sur le territoire. Les jeunes praticiens seraient ainsi obligés de s'installer dans des territoires sous-dotés. Il n’en fallait pas plus pour provoquer une fronde des médecins. À lire aussiFrance: les médecins bientôt contraints à exercer jusqu'à deux jours par mois dans les «déserts médicaux»

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Procès Le Scouarnec: la démarche de vérité de l’accusé ne convainc pas les victimes

4/24/2025
Devant la cour criminelle de Vannes où il est jugé pour 300 viols et agressions sexuelles sur des patients majoritairement mineurs au moment des faits, l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec reconnaît les faits, formule régulièrement des excuses, assure « en avoir fini avec les mensonges ». Mais les nombreuses victimes qui défilent à la barre restent persuadées que l’homme ne s’est pas débarrassé de ses fantasmes pédocriminels. Dès les premiers jours de son procès, qui s’est ouvert le 24 février dernier, Joël Le Scouarnec collabore et répond aux questions des magistrats. Face aux caméras et micros, son avocat, Maxime Tessier, ne manque pas de le mentionner : « Vous avez un homme qui est dans une démarche de reconnaissance, de coopération et jamais de minimisation. Monsieur Le Scouarnec donne des explications, ne se moque de personne, bien au contraire. » Depuis, l’accusé a reconnu, le 20 mars, sa culpabilité pour l’intégralité des faits concernant les 299 victimes. Ses crimes n’étaient donc pas des gestes médicaux, comme il le soutenait jusqu’alors. Une démarche de vérité globale qui a le mérite d’exister, concède Francesca Satta. « Il continue à nier l’individualité de chaque victime, pointe une avocate des parties civiles. Chacune d'entre elles qui passe à la barre n’a pas de sa bouche une reconnaissance de son existence, une reconnaissance de son visage. Je peux comprendre qu’il puisse ne pas se souvenir des 300 victimes qu’il a pu faire, mais je ne peux pas comprendre qu’il n’en reconnaisse aucune. » Une amnésie volontaire d’après cette avocate, qui a un double objectif, selon elle : échapper à certaines questions de la cour et garder la maîtrise des débats. « Il refuse absolument de considérer qu’il a pu, par exemple, poser des indications médicales pour pouvoir ensuite opérer un enfant dont il avait le projet de le violer. Ça, c’est aussi pour lui une façon de garder le contrôle sur ce qu’il veut rester, c’est-à-dire un chirurgien valable qui coexistait avec un pédophile », abonde sa consœur Frédérique Giffard. Mais pour l’avocate, cet argument ne tient pas une seconde : « On a tous les jours la démonstration qu'en fait, il créait, grâce à son travail, les conditions de possibilité de ses infractions. » À lire aussiProcès Le Scouarnec en France: des associations dénoncent un système qui «protège les prédateurs sexuels» « Il ne s’est pas excusé, car je l’ai déstabilisé » Manon s’est confrontée à son agresseur à la mi-mars. « J’ai pu lui donner des uppercuts vocaux par mes mots. Ce passage, en effet, m’a soulagé, m’a conforté et m’a permis de tourner une page », résume la trentenaire. Son passage à la barre lui a permis de mesurer, dit-elle, la perversité de l’ex-chirurgien. « Quand les victimes lui demandent de ne pas s’excuser, il le fait quand même. Il insiste en disant que c’est le seul moment où il les a en face de lui et qu’il ne pourra pas le faire à un autre moment », explique Manon. « Il dit vouloir s’excuser pour chaque victime, ce qui n’est pas vrai. Il ne s’est pas excusé devant moi, car je l’ai déstabilisé quand je suis passée à la barre. » Quand elles sont prononcées, ses excuses sonnent faux, estime de son côté Mauricette Vinet. « Est-ce que ça ne serait pas pour qu’il ait une remise de peine ? », s’interroge-t-elle. Avec Roland son mari, ils vont faire entendre à la barre la voix de Mathis, le 7 mai prochain. Leur petit-fils s’est suicidé trois ans après avoir appris qu’il était l’une des victimes de Joël Le Scouarnec. « On va lui dire qu’il a tué Mathis. On ne peut pas le dire autrement. On lui avait dit à Mathis, on sera toujours à côté de toi. On lui a promis, on continue. » Le face-à-face avec Joël Le Scouarnec est nécessaire, disent-ils, mais aucune de ses paroles ne les apaiseront. À lire aussiFrance: au procès de Joël Le Scouarnec, un médecin lanceur d’alerte à la barre

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France: après l'affaire Bétharram, les langues se délient dans les établissements privés catholiques

4/23/2025
Il est le lanceur d'alerte de l'affaire Bétharram. Celui qui a brisé une omerta de 60 ans sur un établissement privé catholique du sud-ouest de la France. Alain Esquerre, le fondateur du collectif des victimes, publie ce jeudi le livre Le silence de Bétharram, dans lequel la fille aînée du Premier ministre François Bayrou témoigne notamment. Le fruit de 18 mois d'une quête de vérité auprès des anciens élèves de l'établissement, d'une alerte lancée dans la presse début février et de la saisie de l'affaire par la justice. Plus de 200 plaintes ont été déposées, allant de violences physiques à viols. Depuis l'affaire Bétharram, les langues se délient ailleurs, dans d'autres établissements privés et d'autres scandales éclatent. Constance Bertrand sort de son sac son ordinateur portable. Depuis un mois et demi, cette quadragénaire reçoit quasi quotidiennement des récits d'anciens élèves de l'établissement privé catholique où elle a été scolarisée. « À l'origine, on a ouvert ce groupe Facebook parce qu'on a appris le 3 mars qu'un ancien surveillant de Bétharram a poursuivi sa carrière directement après à Saint Dominique de Neuilly », raconte-t-elle. Mais les messages qui affluent ne concernent pas seulement ce surveillant. « En cinq jours, on obtient des témoignages de choses gravissimes sur six personnes », confie-t-elle. Des accusations de violences physiques, psychologiques, d'agressions sexuelles et de viols. Beaucoup sont anonymes, publiées en messages privés. Constance, qui elle-même a été victime de harcèlement, décide alors de témoigner à visage découvert. « J'ai trouvé que c'était important de le faire pour que les gens sachent à qui ils s'adressaient. Et puis les témoignages arrivent. Ça, c'est, c'est mon cahier des horreurs, je suis obligée de prendre des notes pour ne pas mélanger les témoignages », explique-t-elle en montrant le carnet de notes où figurent de nombreux témoignages récoltés. Une cinquantaine de victimes sont déjà sorties du silence, pour des faits allant des années 1980 au début des années 2000. « Une maîtresse qui arrache l'oreille d'une petite fille, une maîtresse qui donne des coups de poing dans la tête d'un enfant, un maître qui caresse des enfants sous la jupe. Les parents ont la plupart du temps fait des démarches auprès de l'institution, mais l'institution ne les a pas soutenus. On a répertorié une dizaine de personnes accusées de violence. On a des enseignants, des surveillants, des prêtres aumôniers, des censeurs, à savoir le responsable de la discipline », détaille-t-elle. Cinq plaintes ont été déposées dont une pour viol. Le 20 mars dernier, Constance Bertrand prend la parole devant la commission d'enquête parlementaire mise en place, fin février, suite au scandale de Notre-Dame de Bétharram. Depuis, cette commission a enregistré des signalements dans 17 départements de France. Pour Arnaud Gallais, président de l'association de protection de l'enfance Mouv'enfant, un double phénomène explique ces révélations en cascade. « Premièrement, vous avez le pouvoir d'identification. C'est-à-dire que les victimes s'identifient entre elles. Ce qui leur permet de parler, parce qu'elles vont se dire : "tiens, c'est ce que j'ai vécu". Le second élément est quand même extrêmement politique. Le rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église en 2021 disait que 108 000 enfants ont été victimes de violences sexuelles dans des établissements privés et personne ne fait rien. Du coup, vous avez une colère en fait qui monte. C'est-à-dire que les enfants ou les enfants devenus grands ont parlé, mais on ne les a pas protégés », analyse-t-il. Ce #MeToo de l'enseignement pourrait bien dépasser le secteur privé catholique. Pour la première fois, ce mardi, la commission d'enquête s'est rendue dans un lycée public, où un enseignant, visé par plusieurs plaintes, s'est suicidé fin 2023. À lire aussiViolences sexuelles à Bétharram: la congrégation admet sa «responsabilité» dans les «abus...

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France: des personnalités revendiquent leur maladie mentale pour faire avancer la cause psychiatrique

4/22/2025
« Parlons santé mentale ! ». Autour de ce slogan, le gouvernement français a récemment décidé de faire de la santé mentale une grande cause nationale en 2025. Et force est de constater que de plus en plus de personnalités, journalistes, artistes, ou encore sportifs connus divulguent au grand public leur maladie mentale. Le dernier exemple en date est celui de Nicolas Demorand, journaliste de la matinale de la radio publique France Inter. Il a annoncé de manière crue au micro qu'il était bipolaire depuis des années. Une démarche qui relève de l'intime et qui lève le voile sur ce qui était jusque-là tabou. Ce genre de révélation peut-elle servir les malades atteint de troubles identiques ? « Comme des centaines de milliers de Français, je suis bipolaire. Si je me suis tu si longtemps, c'est parce que la maladie mentale fait peur. Car la maladie mentale reste une maladie honteuse et que, oui, j'avais honte. Mais j'ai décidé maintenant d'en faire un combat », déclare Nicolas Demorand, présentateur de la matinale de France Inter, s'adressant à ses milliers d'auditeurs. La honte dont parle le matinalier de la radio publique, Maxime Perez-Zitvogel la connaît bien. Âgé aujourd'hui de 32 ans, il a été diagnostiqué bipolaire, alternant phase d'euphorie et période de dépression, il y a près de dix ans. « J'ai vraiment eu honte au départ. Vous vous rendez compte de tous les délires que vous avez eu et de tout l'impact que cela a pu avoir sur votre entourage, sur vos amis. J'ai dû arrêter mes études à cause de cela. C'est très dur de se retrouver après seul face à tout cela, et de se dire "mais pourquoi en fait ?" », confie-t-il. Aujourd'hui, Maxime Perez-Zitvogel a cofondé la Maison perchée, une structure d’accueil pour les gens confrontés à des troubles psychiques. Selon lui, il faut mettre en lumière la maladie mentale. Alors le fait que des journalistes, des comédiens, des artistes, des sportifs témoignent au grand jour de leur maladie mentale est pour lui salutaire. « Cela fait huit ans que j'attendais ce moment, qu'une vedette prenne la parole sur le sujet. Pour que cela amène de la discussion. Moi, quand j'étais à l'hôpital, le fait de savoir que des gens comme Van Gogh ou Baudelaire l'étaient, cela m'a rassuré. Cela m'a permis de me dire qu'ils avaient quand même du talent. Disons que ce fut quelque chose qui m'a rassuré et qui m'a permis de m'ancrer et de me dire que je pouvais tout de même vivre avec cette maladie », explique-t-il. La maladie mentale n'est pas une maladie comme les autres, car elle est stigmatisante. Comme l'explique le psychiatre Thierry Najman, c'est difficile de vivre avec cette pathologie : « Il y a à peu près 15 % des personnes diagnostiquées bipolaires qui vont décéder par suicide et qui vont avoir des trajectoires extrêmement impactées par la maladie. En termes de divorce, beaucoup plus fréquents dans la population générale. En termes de perte d'emploi. Ce sont des trajectoires de vie accidentées. » Quand des personnalités publiques montrent qu'avec un traitement, les malades peuvent vivre presque normalement, cela les aide. Le psychiatre encourage ces témoignages de gens connus, très bénéfique pour les patients, mais il avertit. « C'est très bien que les personnalités publiques fassent cette sorte de coming out – je ne sais pas comment il faut l'appeler. En tout cas, qu'elles puissent parler le plus simplement possible et de façon solidaire de leurs difficultés personnelles et de leur maladie. Mais tout le monde n'est pas une personnalité publique. Nicolas Demorand, Yannick Noah, Florent Manaudou ou d'autres ont peut-être la possibilité de trouver plus facilement une aide psychiatrique, un soutien. Mais ce n'est pas le cas de monsieur et madame tout le monde. Je crois que c'est important d'en profiter pour dire que la psychiatrie traverse une crise extrêmement profonde », rappelle-t-il. Un questionnement d'autant plus pertinent que la santé mentale avait été décrétée, en France, grande cause...

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Les fidèles se rassemblent à Notre-Dame de Paris pour une messe en hommage au pape François

4/21/2025
De l'émotion et des larmes. Encore sous le choc depuis l'annonce ce lundi 21 avril de la disparition du pape François, des centaines de touristes et de fidèles se sont rassemblés à la cathédrale Notre-Dame de Paris pour se recueillir et rendre hommage au pape. Sur le parvis de Notre-Dame de Paris, une employée, haut-parleur à la main, lance en boucle ce message, pour informer le public que la cathédrale n'accueille plus de visiteurs, mais uniquement les croyants qui se regroupent pour prier en mémoire du défunt pape François. Notre-Dame est en deuil et les fidèles ont encore du mal à réaliser. « C'est un choc pour moi. Comme je n'habite pas très loin, je me suis dit que c'était le moment de venir dans une Notre-Dame nouvellement restaurée pour un moment de recueillement et de prière », explique cet homme, visiblement ému. Comme lui, la mort du pape François a surpris de nombreux touristes, c'est le cas de cette jeune espagnole. « C'est un moment symbolique, on est très touchés d'être ici pour dire au revoir au pape François. Il m'a permis de me rapprocher du christianisme », confie-t-elle. Dans la file d'attente, Anne Kate, originaire de Maurice, est venue plus d'une heure à l'avance pour assister à cette messe et se recueillir. « Je viens prier pour le pape. Comme on visite Paris, on apporte notre prière pour le pape François. C'est touchant. Il est venu à l'île Maurice en 2019. Cela nous touche particulièrement, nous les Mauriciens. Il avait une belle approche pour les jeunes et les personnes marginalisées. J'espère que le prochain pape suivra le même parcours », affirme-t-elle. Il est 18h, des centaines de fidèles suivent l'homélie qui résonne depuis la cathédrale, retransmise par la chaîne de télévision catholique KTO : « Rendons grâce, pour la personne que fut le pape François, pour le ministère qu'il a accompli parmi nous. Demandons à Dieu de donner à son Église la grâce de son unité. Implorons l'Esprit-Saint pour qu'il ne cesse de nous conduire sur les chemins que le pape François nous trace. Amen. » Encore sous le choc, cette famille toulousaine est très émue. « En tant que chrétien, c'est un jour qu'on n'oubliera pas. Cela m'a touché », expliquent-ils. Les hommages continuent et certains fidèles se préparent pour la veillée. À lire aussi«On perd le meilleur d'entre nous»: les Argentins pleurent la mort de «leur» pape François

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France: la hausse des baptêmes d'adultes, rare bonne nouvelle pour une Église fragilisée

4/20/2025
Une bonne nouvelle pour l’Église catholique de France. Selon un rapport de la Conférence des évêques, le nombre d’adultes qui se sont fait baptiser pour Pâques a quasiment doublé par rapport à 2024. Ils sont plus de 10 000 à franchir le pas cette année. Et ce alors que l’Église catholique de France est en difficulté, en proie à de nombreux scandales de pédocriminalité. D’où vient cet intérêt soudain des jeunes adultes pour le catholicisme ? RFI est allée poser la question aux premiers concernés à Paris. La paroisse Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle, dans le XVe arrondissement de Paris, se réjouit. Une vingtaine d’adultes se préparent au baptême. Une première depuis très longtemps. Cinq d’entre eux sauteront le pas à Pâques. Gabriel est l’un d’entre eux. À 20 ans, il est étudiant en école de commerce. Son chemin vers le baptême commence il y a quatre ans. À l’époque, il traverse des difficultés. « Ça m'a apporté une stabilité, beaucoup de calme, beaucoup d'apaisement. C'est comme si on était accompagné d'un guide qui nous aide à faire le bien autour de nous. Cela m'aide à être une meilleure personne », estime-t-il. À quelques kilomètres, dans le quartier populaire de Belleville, dans le onzième arrondissement, à la paroisse Saint-Joseph-des-Nations, Ferdinand vient lui aussi d’être baptisé, après un an et demi de préparation. Pour cet étudiant à Sciences Po Paris, le baptême a été motivé par un événement bien particulier. « C'est avant tout une espèce de façon de comprendre nos vies. C'est un moyen d'accepter l'absence de réponse. Beaucoup de paradoxes aussi, explique le jeune homme de 24 ans. C'est devenu une idée concrète lorsque j'étais en échange universitaire en Amérique du Sud, au Chili. J'ai passé un an là-bas, à aller de plus en plus fréquemment à la messe. À mon retour, j'ai entamé la préparation. Ce sont des motivations très personnelles, liées à des réflexions, des lectures. » Selon Jean-Louis Schlegel, sociologue des religions, les baptêmes des adolescents et des adultes sont en hausse en France depuis deux ou trois ans. « Apparemment, il y a un retour un peu spontané. Alors, spontané veut dire suite à une rencontre. Une rencontre avec quelqu'un, lors d'un événement. On va à un baptême, à mariage, on va à une messe, à un pèlerinage. Des choses de ce genre-là », explique-t-il. Peu d’enquêtes ont été menées sur le sujet, mais il semble que la hausse des baptêmes relève d’abord de démarches individuelles. Il ne s’agirait donc pas d’un mouvement de société. Mais il pourrait y avoir d’autres raisons. « L'incendie de Notre-Dame n'aurait-il pas éventuellement joué un rôle ? Par l'énorme rappel que cela a été, tout de même. De la possibilité d'une catastrophe qui frapperait notre tradition religieuse, notre tradition catholique française ? » interroge-t-il. Toujours d’après Jean-Louis Schlegel, cela ne suffira pas à sortir l’Église de la crise qu’elle traverse. Aujourd’hui, seuls 2 % des Français se disent catholiques pratiquants. À lire aussiReligions du monde: Pâques 2025: l’unité des chrétiens

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Burna Boy au Stade de France: la superstar nigériane enflamme ses fans les plus fidèles

4/17/2025
En concert au Stade de France de Paris ce vendredi 18 avril 2025, Burna Boy est le premier chanteur africain à s'y produire, dans un stade presque complet. C'est en 2012 que l'artiste s'est fait connaître avec le tube Like To Party. Depuis, il a sorti sept albums et a conquis la planète. Il a contribué à populariser l'afro-fusion, un genre musical qui mêle afro-pop, reggae, soul et d'autres influences. Et comme toutes les stars internationales, Burna Boy a de nombreux fans à travers le monde. Certains l'ont vu plus de dix fois en concert et ne ratent pas une occasion de rencontrer leur idole. Rencontre avec deux d'entre elles qui se rendront au Stade de France. À lire aussiEntre furie et génie, le concert fou de Burna Boy au Stell'Air d'Abidjan À lire aussiL'Afrobeats nigérian se prépare à une année triomphale en 2025

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En grève, les paroissiennes dénoncent le sexisme dans l'Église catholique

4/16/2025
C'est un mouvement inédit au sein de l'Église catholique. Pendant toute la durée du Carême, soit du 5 mars au 17 avril, les femmes paroissiennes sont appelées à faire grève. L'intérêt de cette mobilisation symbolique est de pointer un paradoxe : d'un côté, ces femmes bénévoles sont indispensables à la tenue des églises et à la préparation des messes notamment, de l'autre, elles sont encore trop peu consultées dans les instances ecclésiastiques dirigées par des hommes. Si l'on veut entrer dans l'église Saint-Sylvain, au cœur du petit village de Saint-Sauvant, il faut solliciter Florence. C'est elle qui possède la clé de la porte d'entrée principale de cet édifice du XIIe siècle qui surplombe la commune. « Cette petite église nous porte tous dans le village. Elle veille sur nous, elle est imposante, elle est grande, elle est massive, elle a une présence. Je suis bien avec elle », déroule Florence. Cela fait 40 ans qu'elle est paroissienne ici. Quarante années d'un service essentiel pour maintenir cinq messes tous les ans : « Nous sommes de petites mains, nous faisons toutes les petites tâches, les petites besognes, parfois ennuyeuses, mais nécessaires, comme laver les nappes, les repasser, les mettre sur l'autel, faire les bouquets de fleurs. » Cet engagement du quotidien demande assurément du temps : deux heures d'entretien par semaine, et beaucoup d'énergie. « Mais je ne suis pas toute seule ! », tient à rappeler Florence, modeste, « nous sommes un petit groupe ». Un petit groupe essentiellement composé de femmes. « On voudrait que ça change, ça, c'est sûr, reprend-elle. Moi, je soutiens totalement les femmes qui expriment le souhait de partager plus les tâches. » « On est relégué à l'arrière-boutique » La mobilisation des femmes de l'Église catholique est partie des États-Unis, à l'initiative de l'association américaine Women's Ordination Conference. Sur son site internet, une carte interactive répertorie les mobilisations à travers le monde. Le mouvement a essaimé en Pologne, en Espagne, en Inde mais aussi en France. Dans l'Hexagone, c'est le Comité de la Jupe qui organise la contestation. Selon les chiffres de cette association de promotion de l'égalité au sein de l'Église catholique, les femmes effectuent plus de 80% des tâches essentielles dans les paroisses. Parmi les 300 membres que revendique le Comité de la Jupe, il y a Alice. Également paroissienne, elle arbore sur son sac un pin's avec la mention « ​​​​​​​femme catholique en grève ». Elle dénonce notamment l'absence de consultation dans les assemblées locales et les diocèses. « ​​​​​​​On vient nous demander notre avis de temps en temps ou des conseils, mais on ne peut pas voter, on ne peut pas choisir. Si quelqu'un dans la hiérarchie est contre nous ou nous refuse quelque chose, nous n'avons pas de recours possible. Les décisions se prennent entre clercs, entre prêtres. Et quand on veut exprimer quelque chose, on est un peu relégué à l'arrière-boutique », pointe-t-elle. Dans le village de Saint-Sauvant (500 habitants) où elle réside, la grève est accueillie de façon contrastée par les fidèles. « ​​​​​​​Certains nous rient au nez en nous disant que l'on ne va pas changer le monde », soupire-t-elle. Les membres du clergé sont aussi partagés. La temporalité choisie – celle du Carême, période de jeûne et de retrouvailles – ne plaît pas à certains. ​​​​​​​Susciter le débat Mais il y a quelques exceptions. Dans cette paroisse, Gilles Cavaro, diacre depuis 11 ans, est peut-être l'un des rares à porter une autre parole, celle d'un homme d'Église qui prône l'égalité. « Le Christ voulait que les femmes aient plus de place dans l'Église. Or, actuellement, l'institution est en retrait par rapport à ce qu'il a souhaité quand il a vécu sur cette Terre, souligne-t-il, convoquant la littérature catholique. Je trouve que la place de la femme devrait être revisitée et ajustée au message évangélique. » Une telle position surprend Alice. Elle l'admet, avant la grève, elle...

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De nouvelles modalités de remboursement pour les fauteuils roulants

4/15/2025
À partir du 1er décembre 2025, en France, tous les fauteuils roulants seront intégralement pris en charge par l’Assurance maladie. Une décision qui permettra aux personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap de sortir d'un parcours qualifié par certaines de « parcours du combattant ». Un fauteuil roulant coûte cher, plusieurs dizaines de milliers d'euros pour certains. Pour accéder à ce nouveau dispositif, qui concerne près d'un million de Français, il faudra toutefois disposer d'une prescription médicale et le type de fauteuil devra répondre à certains critères. Qu'en pensent les personnes concernées ?

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France: à un an des municipales, la santé mentale des maires en question

4/14/2025
C’est la prochaine échéance électorale prévue en France. Les élections municipales ont lieu en mars 2026, dans moins d’un an. Selon une enquête du Cevipof, publiée il y a une semaine, seulement 42 % des maires souhaitent se représenter. Un chiffre stable qui traduit tout de même une tendance : de nombreux élus préfèrent tout arrêter plutôt que de réaliser le mandat de trop. C’est notamment le cas dans les petites communes où certains élus, désabusés, alertent sur une fonction devenue trop chronophage, voire délétère pour leur santé mentale. Nous sommes à la Chapelle Saint Rémy, département de la Sarthe à l’ouest de la France. Petite commune dotée d’une église multicentenaire, d’un lotissement bientôt neuf, et pour l’animer, un millier d’habitants. Certains plus exigeants que d’autres avec le maire, Dominique Edon. « Il y a deux ou trois ans, un habitant m’a appelé chez moi pour me dire que le pollen du voisin de son arbre tombait chez lui. Que voulez-vous que je fasse ? Je ne vais pas aller couper l’arbre », se demande-t-il. Dominique Edon a longtemps hésité, mais après deux mandats, il rangera l’écharpe tricolore l’année prochaine. Avec certains habitants, le dialogue est devenu impossible, dit-il. « S'il y a quelque chose, c’est la faute du maire, le maire n’a rien fait », déplore-t-il. Exemple avec l’installation de panneaux photovoltaïques, au-dessus du terrain de pétanque du village. « L’été, quand il fait chaud, cela nous permet de descendre la température d’une dizaine de degrés. Les habitants ont dit "non, on n’en veut pas, notre maison va perdre de la valeur". Cinq, six personnes commencent à former un petit groupe et c’est parti. Donc, on a décidé d’arrêter le projet. Pour moi, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », explique-t-il, désabusé. « Je suis fatigué. Dès fois, quand je rentre chez moi, mon épouse me dit : "mais lâche un petit peu la mairie parce que je te sens énervé un petit peu". Ça nous prend aux tripes, on va jusqu’au bout, on essaye de faire le maximum. Moi, je sais que j’ai fait le maximum pour ma commune », Camille Pouponneau, elle, a été maire de 2020 à 2024, quand elle a démissionné, épuisée par une fonction dont les marges de manœuvre sont de plus en plus étroites. « Aujourd’hui, il y a un vrai décalage entre ce que les habitants pensent que vous pouvez faire et ce que vous arrivez à faire réellement. Chaque action est un combat parce qu’il y a des normes très fortes, puisqu'il n’y a pas de moyens. C’est cela qui est usant », soupire-t-elle. L’élue s’est accrochée aussi longtemps que possible, jusqu’à ce que sa santé en décide autrement. « Je ne dormais plus, car j’avais des crampes à l'estomac en permanence. Je savais bien que si je ne m'arrêtais pas, c’est mon corps qui me rattraperait », raconte-t-elle. Alors avec ce témoignage, Camille Pouponneau veut alerter sur la santé mentale des maires, un sujet encore tabou. « C’est une fonction où vous devez toujours faire bonne figure, donner l'impression que vous avez une solution à tous les problèmes. Résultat, quand c’est dur, quand ça ne va pas, quand vous vous sentez seul, quand vous n’y arrivez plus, personne n’en parle », regrette-t-elle. Camille Pouponneau espère désormais une chose : qu’avec les élections municipales et présidentielles, la santé mentale des maires soit enfin considérée. À lire aussiAnne Hidalgo, maire de Paris: aux prochaines municipales, «il faut choisir le meilleur candidat»

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France: sensibiliser les adolescents, une étape clé dans la prévention des mutilations génitales

4/13/2025
Plus de 230 millions de femmes dans le monde ont déjà subi des mutilations génitales, selon les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). En France, ce sont au moins 139 000 femmes qui sont concernées. Pour prévenir les risques d'excision, qui peuvent avoir lieu aussi bien dans le pays de résidence que dans le pays d'origine des jeunes filles, le Groupe pour l'abolition des mutilations sexuelles et des mariages forcés (GAMS) intervient dans les écoles à la demande des infirmières scolaires. RFI s'est rendu dans un collège de Seine-Saint-Denis, en région parisienne. « Est-ce que vous savez de quoi on parle, quand on parle d'excision ? » Cet après-midi-là, devant une classe agitée d'élèves de 3ème, Alissata Ndiaye prend la place du professeur. Elle est directrice régionale de la fédération du GAMS, le Groupe pour l'Abolition des mutilations sexuelles et des mariages forcés. « Est-ce que vous savez où ça se pratique, l'excision ? Au Sénégal, au Sénégal, au Mali, en Normandie ? », demande-t-elle aux élèves. « Ces élèves ont 13, 14 ans, on peut se dire qu'ils sont complètement éloignés de cela. Mais ils peuvent se dire : "mais tiens, mes origines, ma mère, mes tantes, ma grand-mère, est-elle concernée ou est-ce qu'elle sait qu'elle est concernée et comment moi, je peux y échapper ?" », nous explique-t-elle. Un jeu de questions réponses et pour tout support pédagogique, une peluche, qu'elle fait passer de table en table. « C'est un doudou tout doux, tout rose, grâce auquel on voit le clitoris dans son intégralité, les lèvres. Mais quand tu le regardes, tu ne vas pas détourner des yeux, parce qu'il est assez ludique. C'est moins répulsif pour des jeunes, mais même aussi pour les moins jeunes, de l'avoir en main pour se rendre compte de quoi on parle. Et de quelle partie dont on parle au niveau de l'appareil génital », décrit-elle. Dans la salle, beaucoup d'interrogations, du dégoût, quelques réactions choquées, voire révoltées, la plupart d'entre eux n'avaient pas entendu parler de l'excision. Émilie fait partie des rares exceptions : « Quand j'ai appris que quelque chose comme l'exclusion existait, je me suis dit : "cela ne change pas d'habitude". On favorise l'homme plutôt que la femme, de considérer que c'est la femme qui doit s'abstenir de faire certaines choses plutôt que l'homme », s'indigne-t-elle. Sur les réseaux sociaux, elles sont de plus en plus nombreuses à témoigner – face caméra – et avec beaucoup de détails. Une nouvelle forme de sensibilisation bienvenue pour Alissata Ndiaye. « C'est assez récent, je trouve que c'est une bonne chose. C'est ça l'idée en fait, de la sensibilisation, de la prévention. C'est casser les barrières. À partir du moment où ça permet de faire de la prévention et de sauver des petites filles, on y va », affirme-t-elle. En France, une femme sur deux qui a été excisée vit en région parisienne. Et c'est précisément en Seine-Saint-Denis qu'elles sont le plus à risque. À lire aussi«Une excision médicalisée, qu’est-ce que ça veut dire? Une mutilation reste une mutilation» À écouter aussi Priorité santé: Sexualité et excision

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Avec les «Mamas de Grigny», une cuisine solidaire et engagée pour les défavorisés en région parisienne

4/10/2025
À Grigny, dans le département de l'Essonne, en 2019, un groupe de femmes immigrées, sans papiers et sans emploi, pour la plupart, a fondé le collectif baptisé « les Mamas de Grigny ». Au-delà de leurs situations précaires, elles partagent une passion : la cuisine. De ventes à la sauvette devant la gare de leur ville, qui les exposaient régulièrement aux forces de l'ordre, elles se sont engagées dans un processus de professionnalisation, visant une régularisation de leur situation et une autonomie financière. Devant l'espace jeunesse Nelson Mandela du quartier de la Grande Borne, à Grigny, en région parisienne, une bonne odeur de cuisine titille les narines. Chaque mardi et jeudi matin, les « Mamas de Grigny » occupent la cuisine du centre social mis à leur disposition par la municipalité de Grigny. Raphaëlle Lebouc, qui travaille pour l'association qui accompagne les mamas dans leur projet de professionnalisation en cuisine, nous présente les cuisinières du jour. Parmi les six dames qui s'affairent dans la cuisine, Cécile, une veuve de 40 ans, originaire de la République démocratique du Congo témoigne : « On fait de l'attiéké avec du poisson. On travaille deux fois, mardi et jeudi. On travaille pour les sans-abris, avec les gens qui sont en précarité. On les aide », explique-t-elle. Pendant que Cécile coupe les oignons, Aïcha, une ivoirienne de 30 ans, est en train de frire du poisson. « Aujourd'hui, on fait de l'attiéké au poisson. Mais à part ça, on fait du tiep, on fait du mafé, on fait du yassa, du potopoto », énumère-t-elle. De l'autre côté de la cuisine, Fatoumata, une quinquagénaire malienne, s'occupe, elle, du dessert : « Moi, je fais les salades de fruits. Avant, je ne travaillais pas, je partais à la gare pour vendre », se rappelle-t-elle. Oumou passe l'attiéké à la vapeur. Cette quadragénaire burkinabé faisait, elle aussi, de la vente illégale de nourriture. « Je vendais le tiep à la gare. On ne part plus à la gare, maintenant », se souvient-elle. Une période révolue donc pour les Mamas de Grigny qui ne font plus de la vente à la sauvette. Depuis 2019, elles sont accompagnées par le Groupement de recherche pour le développement rural (GRDR) Migration-Citoyenneté-Développement. « Le but du GRDR, ce n'est pas de seulement faire un accompagnement juste pour leur donner des locaux et les aider à cuisiner. C'est de lever les freins sociaux. Donc, ce sera à propos des questions de logement, de rémunération, mais aussi de papiers. C'est nous qui nous occupons de leur dossier et c'est vrai qu'on va essayer de valoriser leur engagement citoyen sur le territoire », détaille Raphaëlle Lebouc, chargée de mission entrepreneuriat et initiative féminine du GRDR Migration-Citoyenneté-Développement. Le projet des « Mamas de Grigny » permet à des femmes précaires de bénéficier de formations pour renforcer leur compétence en cuisine et en gestion. L'objectif de ces femmes immigrées est d'ouvrir un restaurant solidaire à Grigny, une ville de France dans laquelle une large majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. À lire aussiPhilippe Rio (PCF): «Les maires font partie de la solution au problème posé à la France»

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Chikungunya à La Réunion: une campagne de vaccination inédite pour contrer l'épidémie

4/9/2025
Depuis le début de l'année 2025, plus de 27 500 personnes ont déjà été officiellement contaminées le chikungunya, et plus de 6 300 cas ont été enregistrés la semaine dernière sur l'île de La Réunion. Transmis par le moustique tigre, le virus provoque de la fièvre, de fortes douleurs articulaires et parfois des éruptions cutanées. Si les symptômes durent normalement quelques jours, il peut, notamment pour les personnes fragiles, âgées ou atteintes de comorbidité, entraîner la mort. Pour éviter les cas les plus graves, une nouvelle étape vient d'être franchie dans la lutte contre le chikungunya avec le lancement d'une campagne de vaccination. Depuis le 7 avril à La Réunion, les pharmaciens et médecins peuvent vacciner contre le chikungunya ; 40 000 premières doses ont été livrées, comme à la pharmacie de La Trinité à Saint-Denis. « Alors ça, c'est le vaccin IXCHIQ. C'est le vaccin qui est préconisé pendant l'épidémie de chikungunya », explique Paul Dumas, pharmacien. Face à cette campagne inédite, il faut rassurer autour du tout nouveau vaccin créé par le labo franco-autrichien Valneva, expliquer par exemple qu'il n'a rien à voir avec le fonctionnement de l'ARN messager utilisé contre le Covid-19. « C'est un virus de chikungunya atténué qu'on injecte au patient, et le patient va développer des anticorps contre le chikungunya. Et après, il sera protégé par rapport à ce virus. » Le vaccin protège au bout de 15 jours après l'injection et pour au moins trois ans. Malgré tout, certaines personnes hésitent encore, comme Bernadette : « Je veux parce que j'ai un problème cardiaque, et en même temps, je ne veux pas, car j'ai fait trop de vaccins ces derniers temps. Mon mari va le faire. Lui, il attend ça avec impatience. Il est diabétique, c'est sûr qu'il va le faire. » Se faire vacciner par mesure de prévention Pourtant, les dix doses quotidiennes réservées dans chaque pharmacie aux plus de 65 ans souffrant de comorbidités trouvent preneurs. Patrick a 76 ans, de l'asthme et un problème aux reins. Il a donc saisi l'occasion de cette injection gratuite avec une ordonnance : « C'est par sécurité. C'est idiot de risquer de tomber malade pour une absence de vaccin. Il existe, alors autant le faire. J'ai mes petits voisins qui ont été contaminés. Ils étaient malades pendant trois jours avec 39°C de fièvre. Je n'ai pas envie de vivre ça. Moi, je crois à la vaccination. » Et pour se donner du courage, Patrick est venu avec Cathy : « J'ai 61 ans, je suis la conjointe de Patrick et je voulais me faire vacciner en même temps. Même si je ne suis pas éligible au vaccin, puisque je suis trop jeune et je n'ai pas de comorbidité. Mais bon, j'ai payé mon vaccin et je me fais vacciner en même temps que lui pour éviter de l'attraper éventuellement avant qu'on soit immunisé tous les deux. C'est une sécurité pour nous deux. Et puis bon, j'ai appris que pour les femmes enceintes, c'est compliqué. On a une fille qui va peut-être être enceinte, alors je n'ai pas envie de ramener ça dans son jardin. Je crois que c'est une sécurité pour tout le monde. » Le vaccin est coûteux pour ceux qui ne sont pas pris en charge. Prix de vente conseillé : 190 €. Une injection qui, pour l'heure, n'est pas recommandée aux femmes enceintes et aux enfants. À lire aussiL'épidémie de Chikungunya s'intensifie à La Réunion, les autorités annoncent une campagne de vaccination

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L'impact des data centers à Marseille, hub internet mondial qui se transforme

4/8/2025
Marseille, deuxième plus grande ville de France... et plus étonnement, sixième hub internet mondial, soit l’un des principaux carrefours du trafic internet. La cité phocéenne vient même de dépasser Hong Kong. Conséquence : les centres de stockage de données numériques (data centers, ou centres de données) se multiplient. L'entreprise américaine Digital Reality a pour projet de s'étendre encore en plein cœur de la ville en y construisant son cinquième centre de données. Mais elle fait face à l'inquiétude des riverains qui craignent des répercussions pour leur environnement. Ils sont une trentaine à se réunir devant le futur cinquième data center marseillais. Jean-Pierre Lapebie, président de l'association de riverains Cap au nord, confie : « Ces data centers, en eux-mêmes, consomment énormément d'énergie électrique. Donc ça pose un problème. D'autant plus que ces quartiers manquent d'espaces verts. Il y a une population qui est en souffrance avec une précarité énorme. Et cette population, on la met en dehors de toute discussion ou initiative sur leurs projets collectifs de vie. » Installé depuis dix ans à Marseille, Digital Realty, l'entreprise à l'initiative des data centers marseillais, a accepté de nous recevoir pour découvrir ces centres de l'intérieur et comprendre leur impact environnemental. « Voilà un exemple de salle. Vous voyez un certain nombre d'équipements », commente Fabrice Coquio, PDG de Digital Reality, en déambulant dans une salle au milieu de tours électroniques connectées où transitent des datas. « Nous colocalisons les investissements informatiques de nos clients pour pouvoir faire en sorte que, demain ou ce soir, vous passez une commande en ligne, vous consultez votre compte bancaire, vous renouvelez votre permis en ligne ou tout simplement, vous envoyez un email à votre grand-mère. » Ces centres de data stockent donc les données d'entreprises. Autre fonction : les mettre en relation. Et ça se passe dans une salle bien moins bruyante. « Et là, vous voyez, sur ces tiroirs à haute densité, on va connecter 24 fois monsieur A avec monsieur B, monsieur C avec monsieur D et ainsi de suite », poursuit le PDG en montrant les outils informatiques. « C'est légitime d'avoir des interrogations » Des infrastructures qui prennent de la place et nécessitent aussi d'être refroidies. Sur le toit du bâtiment, d'énormes tuyaux et de grosses cuves font le travail : « On est sur la terrasse technique du data center. Vous avez tous ces systèmes de groupes froids. C'est un peu comme le moteur que vous avez derrière votre réfrigérateur à la maison. Sauf qu'ils sont un peu plus gros. » Aux inquiétudes des habitants, Fabrique Coquio répond : « C'est légitime d'avoir des interrogations, parce qu'à partir du moment où vous avez des machines informatiques, ça consomme de l'énergie. » Mais il insiste, le projet de nouveau centre de stockage est conforme, notamment au code de l'environnement : « Il faut savoir qu'en France, on ne peut pas faire n'importe quoi, heureusement. De toute façon, vous ne pouvez pas construire un data center si vous n'avez pas d'autorisation. Et après, vous avez des audits, pour vérifier la conformité de votre service. Ce qui est complètement normal. » Pour l'instant, rien n'entrave la tenue du projet. Ce cinquième site devrait voir le jour d'ici à 2026. À lire aussiMarseille, le port des data centers

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En région parisienne, la crise diplomatique entre Paris et Alger vue par les Franco-Algériens

4/7/2025
Durant huit mois, les Franco-Algériens ont été les spectateurs impuissants de l'escalade diplomatique entre Paris et Alger. En région parisienne, RFI est allé recueillir leurs témoignages à l'occasion d'un projet théâtral monté par Abdelwaheb Sefsaf, directeur du théâtre de Sartrouville. Après huit mois d'une crise diplomatique sans précédent entre Paris et Alger, d'escalade, de menaces et de mesures de rétorsion, la France annonce une « nouvelle phase » dans les relations entre les deux pays, après une visite du ministre français des Affaires étrangères à Alger, dimanche 6 avril. Ce n'était évidemment pas la première crise entre les deux pays depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962, et les sujets sensibles sont encore si nombreux que cette réconciliation semble fragile. Des tensions récurrentes qui viennent d'abord heurter tous ceux qui ont des liens avec les deux côtés de la Méditerranée ; les Algériens de France, les binationaux, les enfants d'Algériens, tous ceux qui font que les liens entre les deux pays sont indémêlables. En région parisienne, tous les vendredis soir, Abdelwaheb Sefsaf, le directeur du théâtre de Sartrouville, anime un atelier pour comédiens amateurs. Sur les 14 participants, les trois-quarts ont des liens avec l'Algérie. Ils ont entre 42 et 65 ans et ont accepté de nous raconter comment ils avaient traversé cette énième crise entre Paris et Alger. « Comme une violence inouïe, parce que cela remet en cause la question de la légitimité », confie d'emblée Mohamed, venu en France à l'âge de huit ans seulement en 1968. Malika, dont les parents sont originaires d'Algérie, évoque la mise à l'écart du journaliste Jean-Michel Apathie pour avoir comparé les crimes de l'armée coloniale française en Algérie, à certaines exactions commises par les nazis. « Moi, cela m'a mise très mal à l'aise, et je crois que ce qui m'a fait le plus mal, c'est que tu as une espèce de négation par rapport aux exactions de la France en Algérie », estime-t-elle. Pour nos quatre comédiens amateurs, c'est l'un des plus gros nœuds. Selon eux, la France ne parvient toujours pas à regarder la réalité de son passé en Algérie. « Je crois que la difficulté, elle est là : on n'arrive pas à s'entendre sur l'Histoire. Être Algérien, pour les gens, cela veut aussi dire être musulman. On a l'impression d'avoir un double handicap », regrette-t-elle. « C'est la double peine. Tous les musulmans sont attaqués aujourd'hui, mais l'Algérien, c'est la cible. Certains politiciens se sont dit "Voilà, on va toucher l'Algérie", parce qu'ils ont tous des comptes à régler avec les Algériens », estime Mohamed. « J'ai l'impression qu'être Français intégré ou assimilé, c'est renoncer à ses origines. Pour moi, c'est une hérésie », entend-on encore. Alors, rien d'étonnant si le projet théâtral que leur a proposé Abdelwaheb Sefsaf les inspire. Il s'intitule Français du futur et ils l'écrivent ensemble. « Si j'ai besoin, moi, de faire ce travail, c'est parce que, quand j'étais enfant, j'étais assez troublé par le fait qu'on me qualifiait, non pas de Français de première génération, mais plutôt d'immigré de seconde génération, comme si mes enfants allaient être des immigrés de troisième génération, et ainsi de suite jusqu'à ne jamais devenir Français » se désespère le metteur en scène. Mais c'est aussi son histoire qu'il lui fait dire que Paris et Alger n'ont pas d'autres choix que de se réconcilier. « ​​​​​​​La France a une histoire de 200 ans avec un pays arabe qui s'appelle l'Algérie. On ne peut pas la balayer d'un revers de main. Ce n'est pas possible. C'est d'abord nier l'histoire, c'est insulter la mémoire des disparus. Mais, pire encore, c'est insulter la mémoire des vivants. On tente de réduire l'écartèlement auquel on nous assigne, mais à un moment donné, cela devient intenable », explique-t-il. Ainsi, pour ne pas se sentir écartelé, la petite troupe a décidé de se servir de son vécu, de ses richesses, pour dresser ensemble le portrait de ce qu'elle...

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